dimanche 6 décembre 2015

Penny Hancock – Deux / chronique

Quelques informations sur ce livre :

Auteur : Penny Hancock
Titre : Deux
Éditeur : Sonatine
Nombre de pages : 421
Prix : 20,00 €
Date de sortie : 4 novembre 2015


Quatrième de couverture :

Au Maroc, la vie de Mona est devenu un calvaire. Elle s’occupe de sa fille, Leila, et de sa mère malade. Ali, son mari, a disparu depuis plusieurs mois, peut-être parti en Angleterre pour finir ses études de médecine. Aussi, quand l'opportunité d'aller travailler à Londres s'offre à elle, Mona la saisit.
A Londres, Theodora a besoin d'aide. Entre son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer, son fils qui passe sa journée devant la télé et son émission de radio, elle ne s'en sort plus. L'arrivée de Mona dans sa vie va tout changer. Enfin elle va pouvoir s'occuper d'elle et des siens en sachant qu'elle peut se reposer sur quelqu'un. Sa maison sera impeccable, sa vie sociale à nouveau trépidante et elle va gagner, avec l'arrivée de la discrète Marocaine, plus qu'une employée de maison, une véritable confidente.

Chacune dépend de l'autre mais, très vite, va s'instaurer entre elles un rapport étrange, insidieux et violent. Une lutte feutrée, tout en retenue et en non-dits, qui ne peut que les mener au pire.
Après Désordre, Penny Hancock nous offre un nouveau portrait de femmes à la beauté vénéneuse. Entre admiration et haine ce duel silencieux entre deux personnalités complexes et tortueuses est un vrai piège pour le lecteur qui assiste, subjugué, à une exacerbation progressive des tensions jusqu'au coup d'éclat final. Magistral.


Ce que Cédric en a pensé :

Entre son boulot à la radio, son fils indolent et névrotique, et son père atteint de la maladie d'Alzheimer dont elle a la charge, Theodora est débordée et peine à avoir du temps pour elle. De son côté, Mona est obligée de fuir son pays, le Maroc, afin de travailler et de subvenir aux besoins de sa famille, son mari ayant disparu du jour au lendemain sans laisser de traces. Le soupçonnant de s'être enfui en Angleterre pour poursuivre ses études de médecine, elle débarque à Londres pour le rechercher tout en entrant au service de Theodora qui a cruellement besoin d'une aide à domicile pour s'occuper de son père et lui permettre de souffler un peu. Si le début de leur collaboration est idyllique – Theodora peut enfin dégager du temps dans son agenda surchargé pour voir son amant ; Mona peut envoyer de l'argent à sa famille pour payer les frais de santé de sa mère malade, nourrir sa fille restée au pays et tenter de retrouver la trace de son mari –, leur relation va vite tourner au rapport de force et prendre une tournure spécieuse. Insidieusement, leurs rapports vont s'envenimer jusqu'à atteindre un point de non retour...

Penny Hancock nous livre un thriller où la tension monte crescendo jusqu'à un final inattendu et très réussi dont on se délecte. La grande force de ce livre est le traitement des rapports entre les deux protagonistes principaux qui se délitent petit à petit, sournoisement. Elle parvient tout le long de son roman à nous tenir en haleine ; nous sentons que la situation échappe aux deux femmes et l'on se demande quand la tension va atteindre son paroxysme, synonyme d'actes abominables – il ne peut pas en être autrement.

Un thriller classique, qui ne révolutionne pas le genre (mais le genre a-t-il besoin d'être révolutionné ?), mais un thriller efficace.


Extrait :

« Enfin, une fois qu'elle est montée se coucher, je vais dans ma chambre. Je prends la photo de Leila et l'album de chez moi, et les range dans mon sac. Me voilà repartie, et mon sac m'accompagne, contenant toute ma vie. Je plie les quelques vêtements suspendus au dos de ma porte, mes T-shirts, mes autres pantalons de jogging, ma seule jolie robe. Je pose sur le lit la blouse que Dora m'a achetée, pliée.
Puis je vérifie qu'il me reste de l'argent, les billets que je n'ai pas encore envoyés à Ummu et je les range dans mon porte-monnaie. Enfin, je plonge la main au fond de mon sac, où je conserve mon chargeur et où j'ai caché mon passeport, et je tâtonne.
Il n'y a rien. Je fouille frénétiquement le sac, passe la pièce en revue, soulève les livres et les journaux et le peu de choses que j'ai laissées sur mon lit.
Et brusquement la vérité me saute aux yeux : mon passeport, mon visa et mon chargeur. Mon accès au monde : ils ont disparus. »

 



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